Les sites d’info français et le mobile : qui est in et qui est out ?

On vous le dit, on vous le claironne : l’avenir des sites d’info se joue sur le mobile, et plus sur les ordinateurs.

Les chiffres de la dernière étude AT Internet, cités par Eric Mettout, directeur adjoint de L’Express sur son blog Nouvelle formule, sont impressionnants : encore quelques mois (et quelques centaines de milliers de smartphones et tablettes offerts à Noël) et certains articles seront davantage consultés sur le petit écran d’un smartphone plutôt que sur un laptop ou un ordinateur de bureau.

Mais les sites d’infos sont-ils prêts pour cette (énième) révolution ? J’ai dressé un tableau comparatif pour examiner les différentes stratégies adoptées par un échantillon (arbitraire) de 40 sites. Le résultat montre que sur le mobile, les médias avancent en ordre dispersé.

Quelques enseignements :

  • Les trois quarts des sites étudiés ne sont pas (encore) passés au responsive design, une proportion qui paraît élevée alors que les lecteurs les consultent sur des écrans de taille de plus en plus variable.
  • Sur les 40 sites étudiés, 8 ne proposent toujours pas un design adapté quand l’utilisateur se connecte depuis un mobile. Le lecteur subit un téléchargement plus long et doit ensuite zoomer sur la colonne contenant le texte à lire, après avoir fermé d’éventuels pop-ups et messages intrusifs. Ce choix peut être imposé par la régie pub, qui préfère utiliser des emplacements publicitaires classiques si les campagnes sont mieux rémunérés.
    La liste : L’Express, Jeuxvideo.com, Télérama, Premiere, PureMédias, Ouest-France, Les Inrockuptibles et le Journal du dimanche.
  • Les 40 médias de l’échantillon proposent tous une application iPhone, mais 5 d’entre eux ne disposent pas d’une application Android et 24 n’ont pas développé d’application Windows Phone.
  • Deux sites proposent une version mobile incluant un téléchargement pour une lecture offline ultérieure, fonctionnalité réservée aux utilisateurs des applications natives pour tous les autres : Le Monde et Rue89.
  • Un site seulement propose une version Web adaptée aux tablettes : Rue89. Les autres « servent » la version classique du site, même s’ils ont par ailleurs une application pour iPad ou tablettes Android.

Lorsqu’on veut adapter ses contenus au mobile, trois stratégies au moins sont en effet possibles :

  • Proposer des applications natives. C’est le choix longtemps privilégié . On compte alors sur les lecteurs pour installer l’application du média depuis les principaux store : iTunes pour un iPhone ou un iPad, Google Play pour un smartphone ou une tablette Android, Windows Store pour un appareil équipé de Windows Phone.
  • Proposer une version mobile. Bien souvent, le lecteur accède au site d’info depuis une autre application de son téléphone, qu’il s’agisse du navigateur ou des app des réseaux sociaux et autres agrégateurs. Une solution dans ce cas est de charger une version spéciale du site, située sur une URL spécifique (qui commence souvent par « m. » ou « mobile. », par exemple mobile.lemonde.fr).
  • Proposer un site responsif. Le site est dès le départ conçu pour s’adapter à  la largeur disponible au moment de l’affichage. L’URL est unique, et des cas supplémentaires peuvent être pris en compte (écrans de tablette, écrans très larges…). Les sites ayant connu une refonte récente ont pour la plupart choisi cette voie.

Un casse-tête et des coûts importants

Chaque méthode a ses avantages et ses inconvénients, qu’il serait trop long d’énumérer ici. Par exemple, il est plus simple d’ajouter des formats pub avancés et donc plus rémunérateurs, comme un clip vidéo plein écran, sur des applis natives. Mais opter pour une version mobile revient beaucoup moins cher : développer en parallèle deux à trois versions différentes du même produit fait exploser les coûts.

Choisir un design entièrement responsif est la solution la plus moderne, mais elle a des implications importantes : par exemple, le visuel d’un « habillage » publicitaire peut avoir une largeur fixe et ne pourra pas être activé sur un site dont la largeur n’est pas fixe. Et certains formats rédactionnels (infographies, diaporamas, cartes…) sont difficiles à adapter pour les journalistes qui les préparent.

Quelques précisions sur la méthode choisie – les données sont disponibles dans ce Google Sheet et au format CSV, n’hésitez pas à les réutiliser :

  • Je n’ai pas retenu la version mobile d’un site si l’utilisateur n’est pas automatiquement redirigé vers elles (cas de L’Express notamment).
  • Lorsqu’un média dispose de plusieurs application pour la même plate-forme, j’ai relevé la note de celle diffusant les articles du site, et pas d’autres contenus.
  • Je n’ai pas retenu les applications qui ne permettent que de téléchargger un numéro de l’édition papier.
  • J’ai retenu les applications non officielles, notamment sur Windows Phone.
  • Je n’ai pas classé parmi les sites responsifs ceux dont la maquette est « élastique » sans cependant s’adapter réellement en fonction de  (c’est le cas de Slate.fr par exemple).

Disclaimer : ancien rédacteur en chef adjoint de Rue89, j’ai participé au lancement des différentes applications et versions mobiles et tablettes de ce site.

N’hésitez à me signaler d’éventuelles erreurs ou oublis dans les commentaires.

Un peu d'inspiration !

Depuis 2014, j'accompagne des médias dans leurs projets et je mène mes propres expériences. Retrouvez les réalisations dont je suis le plus fier dans un portfolio qui vous donnera envie d'innover !

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C'est nul, je veux de gros boutons colorés !

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