C’est sans doute l’expérience publiée sur ce site qui m’a donné le plus de fil à retordre. Il a fallu passer par de nombreuses et fastidieuses étapes pour arriver à la publication de la série de cartes du monde tel que le voient les médias français Dans mon labo.
Mais je suis content du rendu un peu arty de ces anamorphoses – j’ai emprunté l’idée et une partie de la méthode à Altermondes, qui en avait réalisé une à l’occasion de sa campagne de crowdfunding.
1. Scraper les résultats de recherche Google en Python
C’était la première fois que je réalisais un travail d’extraction automatique de données en concevant un script dans un langage de programmation plutôt qu’en utilisant un logiciel disposant d’une interface graphique, comme Outwit Hub.
Je me suis servi de Scrapy, un outil qui m’a beaucoup facilité la tâche, mais que je n’ai pas réussi à installer sur mon Mac (la faute à El Capitan, semble-t-il) : il a fallu ressortir un portable sous Linux pour parvenir à le lancer.
La mise au point du script m’a pris pas mal de temps, mais une fois que j’ai compris la logique, j’ai avancé relativement vite : il suffisait en effet de repérer l’endroit de la page des résultats de recherche où figure la mention « Environ x résultats ».
Le plus compliqué à été de composer avec les sécurités qui se déclenchent sur les serveurs de Google quand on le sollicite trop : même en ralentissant beaucoup le rythme du robot passant sur ces pages, je finissais toujours par voir mon adresse IP bloquée.
2. Analyser les résultats dans Google Sheets
C’est en commençant à trier et à filtrer les résultats obtenus que je me suis aperçu qu’ils n’étaient pas toujours fiables : pour certains pays, les résultats trouvés dans Google Actualités (tous médias confondus) étaient en effet ajoutés au résultats trouvés sur un média particulier…
J’ai alors tenté ma chance sur Bing, mais ce dernier ne permet pas d’effectuer une recherche combinant plusieurs termes (avec l’opérateur OR) en ciblant un nom de domaine particulier.
De retour sur Google, j’ai fini par obtenir des données cohérentes en limitant la recherche aux pages publiées lors de l’année écoulée.
Il a fallu aussi traiter quelques cas particuliers – par exemple, le mot « Canada » apparaît sur toutes les pages du Huffington Post et de Buzzfeed, ces deux sites proposant un accès vers leur édition canadienne.
Il reste sans doute de petites aberrations de ce genre dans les données utilisées pour faire les cartes, mais j’ai considéré qu’elles n’étaient pas préjudiciables, vu la taille finale des cartes et leur niveau important de déformation.
3. Ajouter les résultats obtenus à une carte du monde grâce à QGIS
Le logiciel de cartographie avancé QGIS m’a permis d’ouvrir un shapefile (fichier de contours) trouvé sur ThematicMapping et de lui associer mes propres données via des recherches verticales dans la table.
Pour que ça marche, il faut une clé commune aux deux fichiers : en l’occurence, le code ISO à trois chiffres, que j’avais pris soin d’utiliser pour chaque pays étudié – je l’ajoute désormais systématiquement à toutes mes feuilles de calcul quand elles sont basées sur des pays, une précaution qui se révèle souvent utile.
4. Réaliser les anamorphoses avec ScapeToad
Disponible sur tous les OS via Java, ScapeToad est un petit logiciel plutôt bien fichu qui va réaliser la déformation du fichier shapefile en tenant compte, pour chaque pays, d’une valeur numérique disponible dans la table associée au fichier de contours.
Le résultat peut être enregistré au format d’image vectoriel SVG, ce qui permet de l’utiliser ensuite à n’importe quelle taille.
Attention : pour une carte du monde, les temps de calcul et de sauvegarde sont importants (surtout quand il faut recommencer la manipulation vingt fois pour vingt médias différents…).
5. Améliorer le résultat dans Adobe Illustrator
Le fichier SVG obtenu peut être facilement ouvert et modifié dans Illustrator, ce qui m’a permis de changer la couleur et la transparence des pays, et de créer une version PNG utilisée pour le partage Facebook.
Une fois les vingt cartes obtenues, j’ai créé la petite infographie permettant de basculer d’un média à l’autre en HTML, CSS et JQuery. Enfin, j’ai utilisé Datawrapper pour réaliser les deux graphiques également présents dans l’article.