Archives par mot-clé : commentaires

Il y a un réseau social super auquel les journalistes ne pensent jamais

La mascotte d’un réseau social que les journalistes devraient fréquenter plus souvent.

Le social media en ce moment, c’est vraiment pas la joie.

Mon flux  Facebook ressemblerait à un frigo vide, sans les publicités venues s’empiler entre de rares posts de vraies gens, oubliés là comme un Tupperware de gratin dauphinois du mois dernier.

Twitter est toujours aussi bouillonnant,  et la pratique des threads, qui consiste à raconter une petite histoire au fil d’une série de tweets enchaînés, a su ranimer mon intérêt. Mais vu l’ambiance délétère qui y règne, j’ai autant envie de participer aux échanges que de tremper mes orteils dans un marigot rempli de caïmans affamés.

Linkedin est à la mode, mais qui a vraiment envie de passer du temps sur un réseau social où il faut enfiler un costume cravate et cirer ses mocassins avant de se connecter ?

La chair est triste, hélas, surtout pour les vieux cons qui, comme moi, ont connu l’effervescence bon enfant de ces plateformes à leurs débuts – sans parler des blogs qui les ont précédés. Et la tentation est grande de se replier sur un espace de discussion réservé aux gens de bonne compagnie, qu’il s’agisse d’un groupe Facebook, d’une boucle WhatsApp ou d’un channel Slack.

Une passion pour le nettoyage industriel à haute pression

Pourtant, il reste un endroit où on retrouve le plaisir d’échanger avec des inconnus qui faisait tout le sel de l’Internet de papa : Reddit, et plus précisément sa partie francophone, village gaulois résistant vaillamment à l’aseptisation des espaces numériques.

Reddit, j’y ai créé un compte depuis 2011, attiré par les mèmes, les vidéos de chats et les GIFs animés qu’on y trouve à foison. Moins connu et plus americano-centré que ses concurrents, il compte quand même plus de 500 millions d’utilisateurs, et semble décidé à accorder plus de place à l’actualité, contrairement à Facebook.

Sept ans plus tard, je reste fasciné par la taille et la vitalité des communautés qui font vivre les subreddits, sortes de forums organisés autour de thématiques, de centre d’intérêts et de marottes diverses.

Ces derniers visent parfois large : il y a /r/worldnews sur l’actualité, /r/soccer sur le foot, /r/politics sur la politique américaine… Mais les subs les plus intéressants occupent des créneaux plus étroits, autour d’une série TV (/r/gameofthrones) , d’un type d’humour particulier (/r/dadjokes) ou de fétichismes ultra-pointus – grâce à /r/powerwashingporn, je viens de me découvrir une passion inavouable pour le nettoyage industriel à haute pression.

Jusqu’il y a peu, aller sur Reddit était pour moi une façon très agréable de perdre encore plus de temps scotché à mon smartphone, mais n’avait pas grand chose à voir avec une activité journalistique sérieuse.

D’autant que les codes, le jargons, les private jokes en vigueur sur cette plateforme font de sa découverte et de sa prise en main une expérience ingrate – montrer Reddit à un collègue, c’est risquer de s’attirer des regards incrédules voire hostiles, et se trimbaler avec  une étiquette « gros nerd » pendant le reste de son CDD.

Ambiance cœur-avec-les-mains dans le coin des Français

Les choses ont changé avec la montée en puissance de /r/france, sub francophone qui a  dépassé les 200 000 membres cet été. J’ai pris l’habitude d’y signaler les articles que je publie ici, agréablement surpris par la qualité de l’accueil reçu. Et le trafic reçu commence à être significatif : sur les 4 200 visiteurs qui sont passés sur mon infographie dédiée aux recettes de Marmiton, près de 900 venaient de /r/france.

Mais c’est surtout la qualité des commentaires reçus qui m’a enthousiasmé.

Sur Facebook, je peux compter sur mes proches et mon réseau professionnel pour relayer mes petites productions. Un soutien agréable mais forcément biaisé : difficile de ne pas lâcher un like quand un de vos amis publie le résultat d’un travail sur lequel il a transpiré plusieurs jours, voire plusieurs semaines.

Sur Twitter, beaucoup d’utilisateurs vont me retweeter ou publier un lien vers mes articles (merci à eux !), parfois accompagné d’un commentaire ou d’une critique, mais la plupart du temps ça ne va pas plus loin, surtout si l’attention générale est retenue par la dernière sortie d’Eric Zemmour ou le énième clash entre Raphaël Enthoven et Rokhaya Diallo.

Sur Reddit, c’est une autre paire de bretelles : tout ce que j’ai écrit va être scruté à la loupe, mes graphiques et cartes analysés en détail, mes erreurs ou raccourcis signalés en quelques minutes.

Même les scripts informatiques que je publie parfois en accompagnement sont passés en revue par des « redditeurs » bien plus calés que moi en code. (Lesquels, au passage, me proposent parfois leurs services pour une prochaine enquête, ambiance cœur-avec-les-mains.)

S’y aventurer reste une expérience risquée

La (relative) bonne tenue des échanges sur Reddit tient à ses deux principaux atouts :

  • un algorithme qui trie les commentaires selon leur pertinence et replie les posts les plus mal notés
  • une modération assurée par des bénévoles, qui édictent les règles des échanges sur chaque subreddit et les font respecter. (Ce qui ne va pas sans créer des heurts et des polémiques, comme celle qui a agité /r/france cet été.)

Comme tout bon subreddit, /r/france n’a pas que des qualités : le nouveau venu pourra se sentir exclu par le contenu dit « meta », soit l’humour autoréférentiel, auquel on n’entrave rien si on n’a pas suivi les échanges depuis quelque temps. Il faudra ainsi faire avec de multiples références à la guerre « pain au chocolat » versus « chocolatine », qui y a atteint des proportions quasi nucléaires.

D’autres subreddits franchouillards commencent aussi à émerger, même s’ils souffrent souvent de la concurrence de leur alter ego anglophone : /r/ligue1 pour le ballon rond, /r/paslegorafi pour les infos insolites, /r/vosfinances pour des conseils pognon.

Pour un journaliste, s’aventurer sur Reddit reste une expérience un peu risquée : le rejet global des médias, perçus comme « putaclics » ou partisans, s’y ressent comme partout ailleurs.

Surtout, il faut être prêt à jouer le jeu des échanges, en défendant son travail quand les critiques ne sont pas justifiées, en reconnaissant ses lacunes et ses erreurs quand elles le sont.

La recette : être utile, bienveillant, intelligent,  et surtout transparent

Aux Etats-Unis, le Washington Post s’est fait remarquer avec le compte /u/washingtonpost, qui poste bien sûr des liens vers les articles publiés sur le site, mais participe aussi aux échanges dans les commentaires.

Il est animé par Gene Park, un social media editor qui connaît bien les usages de cette plateforme. Bienveillant, utile et intelligent, son travail a été salué par le site spécialisé NiemanLab :

« Si le Post a fini par être bien accepté sur Reddit, c’est pour une raison pas si surprenante : son compte joue vraiment la transparence et accepte de répondre aux accusations lancées contre le journal, notamment le fait qu’il est détenu par le patron d’Amazon, Jeff Bezos. »

Park organise notamment des AMA (pour « Ask me anything »), exercice très prisé sur Reddit, qui consiste à laisser les utilisateurs interviewer une personnalité. Ça peut être un journaliste de la rédaction, ou un quidam ayant marqué l’actualité, comme ce présentateur météo de l’Alabama dont les bulletins sur les ouragans avaient été repérés pour leur qualité.

(Encore à Rue89, j’avais copié cette formule pour lancer la rubrique Posez-moi vos questions, qui a notamment accueilli un biérologue, une médaillée au JO ou encore l’écrivain Martin Wincler.)

Pour Park, « l’enjeu n’est pas de faire du trafic, mais de créer des liens avec l’audience ». En accompagnant le mouvement plutôt qu’en cherchant à le créer artificiellement :

« Les utilisateurs de Reddit postent très souvent des liens vers le Washington Post. Nous allons chercher ces conversations autour de nos articles et cherchons à donner plus de contextes, et plus de réponses. Parfois on a déjà publié d’autres contenus sur le même sujet, et je peux utiliser mes connaissances pour transmettre davantage de connaissance. »

Reddit m’intéresse parce qu’il permet de recréer des liens entre les journalistes et leur audience, ce qui me semble un étape indispensable si les médias veulent regagner la confiance du grand public (je sais, je radote). Les sites d’info peinent à créer des espaces de conversation pertinents sous leur propre ombrelle, alors pourquoi ne pas essayer celui-là ?

Les journalistes ne devraient plus se cacher pour pleurer

« C’est pas si grave, ça se passe comme ça sur Internet, il faut que tu t’endurcisses. » C’est une phrase que j’ai pu prononcer quand j’étais rédacteur en chef adjoint de Rue89 et qu’un journaliste de l’équipe était pris pour cible par des malfaisants dans les commentaires ou sur Twitter.

Et c’est une réaction totalement contre-productive. C’est en tout cas l’avis de Gavin Rees, directeur du Dart Center Europe, organisation venant en aide aux journalistes confrontées à des situations violentes, exprimé pendant un débat sur ce sujet au festival de journalisme de Pérouse, début avril :

« Il faut en parler entre collègues, il faut qu’on vous rassure sur votre travail, sur ce que vous avez écrit, qu’on vous dise que ce n’est pas votre faute. Il ne faut pas que ce soit une question taboue, sinon ils ont gagné. »

Pratiquer le « journalisme en empathie », thème d’une série de posts que je termine avec ce texte, c’est aussi se préoccuper davantage de ses collègues, quand tous ceux qui prennent la parole en ligne sont plus exposés que jamais.

OK, les journalistes sont des durs à cuire, mais ils sont de plus en plus attaqués

L’idée que le journaliste est un dur à cuire imprègne encore les imaginaires, et on la retrouve dans pléthore de films et de séries. Ce sont des reporters de guerre qui se précipitent au plus près des bombes. Des enquêteurs qui ne mangent que des sandwichs et ne boivent que du whisky tant qu’ils n’ont pas sorti leur scoop. Des rédacteurs en chef à bretelles qui pestent en permanence mais ont l’instinct affûté et le flair imbattable.

Comment des types aussi indestructibles pourraient-ils se sentir meurtris par de simples trolls ? Peut-être parce que les attaques de ces derniers se multiplient et sont de mieux en mieux organisées. Toujours à Pérouse, Michelle Ferrier, fondatrice de TrollBusters, a rappelé des chiffres alarmants :

« Aux Etats-Unis, 40% des femmes qui publient du contenu en ligne sont victimes de harcèlement, principalement sur Twitter : des propos haineux, racistes ou haineux ou encore la publication d’informations privées. Plus de 80% des journalistes estiment que leur travail est plus dangereux qu’avant. »

Son organisation a mis au point trois armes pour lutter contre les trolls :

  • Une équipe de secours d’urgence : une communauté d’utilisateurs qui peut être mobilisée quand un journaliste est victime de ce genre d’attaques, notamment pour répondre et contre-attaquer collectivement.
  • Un travail d’enquête sur leur organisation et leurs méthodes, en se servant de technologies d’étude de réseau.
  • Du support spécialisé, par exemple pour aider un service technique confronté à une attaque en déni de service, mais aussi pour des conseils juridiques ou un soutien psychologique.

« Les rédactions doivent protéger leurs employés en utilisant tous les recours possibles »

S’il met tout en œuvre, au sein du Coral Project, pour amener les journalistes à dialoguer davantage avec leur audience, Greg Barber reconnaît que la conversation est parfois impossible, et que les médias en ligne doivent en tenir compte :

« On raconte quand des journalistes sont menacés à l’étranger. mais il faut le faire aussi quand ça arrive chez nous. Les médias doivent protéger leurs employés en utilisant tous les recours possibles. »

Le diagramme “Comment réagir au harcèlement en ligne” édité par Trollbusters.

TrollBusters a publié un diagramme instructif résumant les réactions possibles quand on est victime de harcèlement en ligne.

A ma connaissance il n’y a pas d’organisation équivalente en France, mais si je me trompe, n’hésiter pas à le signaler dans les commentaires.

Parmi les initiatives sur le sujet, je me dois cependant de signaler le fascinant récit que fait Faïza Zerouala, aujourd’hui journaliste à Mediapart, de sa rencontre avec un de ses trolls.

Ne plus prendre le trolling à la légère

J’ai l’impression qu’entre journalistes en ligne, la tendance naturelle est de minimiser les effets du trolling, d’en faire une blague, un truc agaçant mais au final insignifiant. Parce que reconnaître le contraire serait avouer une faiblesse pas très professionnelle.

Et le côté pervers, c’est que ce sont justement ceux qui se préoccupent le plus des lecteurs et échangent davantage avec leur communauté qui souffrent le plus quand ça tourne au vinaigre, comme le rappelait Martin Belam, un ex du Guardian, dans une analyse des communautés des sites d’actu.

Prendre en compte la souffrance de ses troupes, mettre en place des procédures en interne, prévoir des moments pour en parler… : les rédactions des médias en ligne, comme toutes les entreprises confrontées à un risque professionnelle, ont désormais cette responsabilité.

Hé, ce texte fait partie d’une série de notes consacrée au « journalisme en empathie » ! Voici le menu complet :

Commentaires sur les sites d’actu : bientôt le retour en grâce ?

Une figurine Lego au visage de troll (clement127/Flickr/CC-BY-NC-ND)
Une figurine Lego au visage de troll (clement127/Flickr/CC-BY-NC-ND)

Il y a un peu moins d’un an, j’avais raconté le coup de blues qui avait saisi les journalistes les plus impliqués dans la conversation avec les internautes et la mise en valeur de leur participation. C’était peu de temps avant de quitter Rue89, site réputé pour la qualité de ses commentaires et où j’ai longtemps officié comme community manager.

A l’époque, toute une série de sites d’information venaient d’annoncer la fermeture de l’espace dévolu aux commentaires : Popular Science, Reuters, le National Journal... C’est une certaine conception du journalisme web, plaçant l’internaute au centre du travail quotidien des rédactions, qui me semblait avoir perdu du terrain.

Mais au Festival de journalisme de Pérouse cette année, j’ai senti que le commentateur, si souvent réduit à sa dimension de troll malfaisant, pourrait bien connaître un retour en grâce au sein des rédactions web.

Le Coral Project : des « coms » taillés sur mesure pour les sites d’info

Les échanges lors du « panel » qui lui était consacré étaient en tout cas passionnants – il est disponible en intégralité sur YouTube. Je n’ai pas pu tout prendre en note comme je l’ai fait pour d’autres conférences, mais voici quelques extraits commentés qui peuvent vous intéresser.

« Aucun journaliste ou presque n’est content des commentaires publiés sur son site » : Greg Barber est bien conscient du malaise qui règne dans les rédactions à ce sujet. Mais le directeur des projets digitaux du Washington Post croit assez aux « coms » pour avoir lancé le Coral Project, qui associe son journal, le New York Times et la Knight Mozilla OpenNews.

Leur ambition ? Proposer un outil de publication et de gestion des commentaires open source que chaque média pourra utiliser sur son site – une sorte de Disqus, que j’utilise pour les commentaires de ce site, mais taillé sur mesure pour les besoins des sites d’information et modulable à souhait.

Plutôt que de « délocaliser » le débat et sa modération sur les réseaux sociaux, par exemple en intégrant le plugin Facebook Comments dans leurs pages ou en répondant aux questions et interpellations uniquement sur Twitter, les sites pourraient ainsi reprendre la main sur ces espaces.

Encore faut-il y croire, explique Barber :  

« Les médias passent parfois énormément de temps à travailler sur le contenu qui se trouve juste avant les commentaires, sans consacrer la moindre seconde aux commentaires eux-mêmes. Il faudrait que, par magie, il s’y passe des trucs super. Et après, ils sont très déçus quand ce n’est pas le cas. »

« Des commentaire hors sujet mais drôles ou brillants »

Pour Luca Sofri, fondateur et rédacteur en chef de Il Post, ceux qui vantent de façon démagogique l’intérêt du commentaire comme expression du peuple se trompent autant que ceux qui n’en ont qu’une vision apocalyptique.

C’est vrai, il y a parfois des pépites enfouies dans les fils de discussions : ainsi, les mensonges de Brian Williams, présentateur du JT de la chaîne américaine NBC, ont été mis au jour à partir d’un commentaire publié par un vétéran sur Facebook. « Il y a aussi ces commentaires hors sujet mais brillants, drôles ou bien écrits », plaide Sofri.

Mais ces contributions sont trop rares pour qu’on puisse espérer disposer d’un contenu de qualité de façon régulière, tandis que les coûts de gestion (modération, sélection, édition…) peuvent être élevés.

L’intérêt des commentaires réside davantage dans la relation qu’ils permettent d’entretenir avec le lecteur –  c’est même ce qu’il l’intéresse le plus : « C’est un endroit où ma marque peut se développer. »

Une bonne façon de valoriser une offre d’abonnement en ligne

Barber, lui, s’est intéressé aux nombreux lecteurs qui lisent régulièrement les commentaires sans en rédiger (les lurkers) : « On s’est aperçus que ce sont aussi les aux lecteurs les plus fidèles, ceux dont il faut s’occuper, ceux qui forment la véritable audience », celle qui ne vient pas juste pour voir un contenu viral avant de repartir à jamais.

Selon moi, c’est peut-être le meilleur argument pour réhabiliter les commentaires et y consacrer de nouveau des moyens financiers, du temps et de l’énergie. Beaucoup de sites d’actu misent en effet sur des offres sur abonnement, ce qui les oblige à se différencier davantage de la concurrence – plutôt que de publier la même chose au même moment. Impliquer davantage le lecteur en acceptant de converser avec lui est un bon moyen d’y arriver.

Plus largement, c’est en changeant de perspective qu’on réhabilitera (peut-être) cet espace de participation. « Il faut le voir comme un univers en soi, et pas juste un bonus à l’article qui se trouve au-dessus », décrit Sofri.

En arrêtant de « réagir comme des snobs » et en se mettant à la place du commentateur, on comprend mieux ses réactions parfois brutales, plaide-t-il. « Quand un délinquant va en prison, on l’aide bien à se réinsérer. En revanche, un troll, on le bannit à jamais, on ne cherche jamais à le rééduquer. » 

Même chose quand on supprime un commentaire jugé débile ou sans intérêt : de l’autre côté de l’écran, « il y a une personne qui a fait un effort de rédiger quelque chose, peut-être qu’il faut davantage respecter cet effort ». 

En faire un espace autogéré par les commentateurs eux-mêmes ?

Se livrant à un petit examen de conscience, il s’est rendu compte que « les articles sur les sujets plus polémiques, ceux ou on peut être tenté de fermer les commentaires, sont aussi ceux ou j’aurais le plus envie de lire des commentaires, là où ils sont les plus utiles ».

Il va même plus loin :

« Personne ne s’est risqué à faire des commentaires un espace autogéré par les utilisateurs eux-mêmes. Pourtant, ce serait une expérience intéressante. Je pense qu’on peut choisir des responsables pour organiser la communauté. Bon, c’est vrai qu’au bout d’un mois à ce poste, ils seraient peut être découragés… »

Pour Chris Hamilton, social media editor à la BBC, les journalistes n’échapperont de toute façon pas à la conversation avec les lecteurs :

« Ça fait partie du travail, désormais, même si ça ne se résume pas aux commentaires, ça peut passer par d’autres formes d’“engagement”. Mais c’est ce qui permet de bâtir une communauté. »

« D’accord, il y a les dérapages et les trolls, mais les éditeurs de presse font preuve d’une forme de résilience », estime enfin Greg Barber, qui a remarqué que le Sacramento Bee, le Las Vegas Review-Journal et le Kyiv Post ont tout trois décidé de rouvrir leur section commentaires après l’avoir fermée.

(Merci à Cédric Rouquette, de Creafeed, pour ces commentaires pendant la rédaction de ce texte.)